Bac 2024 : la
douche froide
Avec le
rétablissement des écrits de spécialité en juin, demandé par l’ensemble de la
communauté éducative, le Ministère semblait enfin avoir pris en compte la
réalité du terrain et les importantes difficultés d’application de la réforme
du lycée en vigueur depuis 2018. Dès lors, les annonces bien tardives du 28
septembre sonnent comme une douche froide : le ministère persiste à décider
seul, sourd aux alertes des acteurs de terrain, et détériore encore la situation
pour les élèves de Terminale et leurs enseignants.
Maintien de l’iniquité : une même épreuve, mais sur deux jours avec des sujets différents
Première
aberration, l’organisation des épreuves de spécialité sur deux jours est
maintenue par le ministre. Pour rappel, en mars dernier, les élèves d’une même
classe et d’un même lycée ont dû composer sur des sujets différents, avec des
niveaux de difficulté inégaux. Le décalage du calendrier du baccalauréat
rendait pourtant possible un étalement des épreuves, avec un seul sujet par
spécialité. Le Ministère choisit à l’inverse de conserver ce principe :
une occasion manquée de revenir à un sujet unique et national pour tous les
candidats.
Des programmes toujours menés au pas de charge
Le Ministère a
également décidé, seul et malgré les alertes lancées dans de nombreuses
disciplines, d’imposer pour l’examen le traitement en totalité des programmes,
alors même que ceux-ci apparaissent démesurés et demandent à être remis à plat
dans plusieurs spécialités. Cette course au programme portera préjudice à la
préparation et la formation intellectuelle des élèves, sans compter qu’elle
sera épuisante pour eux comme pour leurs professeurs.
Les élèves abandonnés pour le « grand oral »
Quant au
« grand oral », les élèves verront le temps de présentation de la
première partie de l’épreuve passer de 5 à 10 minutes. Rappelons ici que cette
épreuve orale, à fort coefficient, ne fait l’objet d’aucun temps dévolu à
l’encadrement des élèves, aucun financement n’étant prévu à cet effet par le
ministère. Sa préparation est donc supposée se faire sur le temps de cours de
spécialité, en classe entière. Compte tenu de la lourdeur des programmes de
spécialité et des exigences de la préparation aux épreuves écrites, peut-on
réellement imaginer que les professeurs pourront encore former leurs élèves au
grand oral et les accompagner pour choisir leur sujet, effectuer les
recherches documentaires, élaborer le contenu, et s’entraîner à cet exercice
d’argumentation orale ?
Un calendrier de fin d’année démentiel : quid de la prévention des risques professionnels ?
Dans le calendrier
prévu, à partir du 14 juin, tout s’enchaîne : épreuve anticipée de
français, épreuve de philosophie, épreuves de spécialités, oraux de français
et, simultanément, le grand oral, pour des résultats définitifs le 11 juillet,
après le passage des épreuves du second groupe. Les correcteurs de spécialité,
de l’épreuve de philosophie et de l’épreuve anticipée de français devront, tout
en corrigeant des lots de copies conséquents, interroger les candidats
convoqués au « grand oral » et à l’épreuve orale de français. Les
professeurs ne pourront le faire qu’en sacrifiant la qualité de leur travail et
leur santé, alors que ces dernières années, les instances de « santé et
sécurité au travail » avaient déjà alerté sur la charge de travail des
professeurs de Lettres.
La Conférence s’étonne de l’ensemble de ces décisions, parce qu’elles vont à l’encontre de l’expertise des acteurs du lycée et des demandes portées depuis 5 ans. Pire, elles s’apprêtent à dégrader significativement les conditions d'apprentissage et de travail, au mépris des risques pour la santé des élèves et des professeurs. De tels « ajustements » risquent de dégrader les conditions de correction au point de rendre impossible, à terme, la tenue des dernières épreuves terminales, nationales et anonymes.
En conséquence, la
Conférence demande :
-
Que
chaque spécialité donne lieu à une unique épreuve passée par tous les candidats
le même jour ;
-
Que
les programmes de spécialité soient évalués de toute urgence ;
-
Que
le grand oral soit redéfini dans le sens d’une épreuve adossée à d’authentiques
contenus disciplinaires et d’une manière qui permettrait de repenser
l’équilibre du cycle terminal.
-
Que
les épreuves terminales soient davantage étalées en sorte que les professeurs
bénéficient de conditions de correction décentes.
Associations signataires
APBG APEMu APLettres APLV APMEP APPEP APSES APSMS
CNARELA UdPPC UPBM
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