Contre la sape de
l’enseignement scolaire par un recrutement au rabais !
La Conférence des
associations des professeurs spécialistes réaffirme sa vive opposition au
projet de réforme du recrutement des professeurs certifiés qui prévoit
d’avancer le concours à la troisième année de licence, projet qui reprend
presque à l’identique, malgré la très large opposition des associations
disciplinaires et des organisations syndicales, le projet initialement introduit
par Nicole Belloubet.
Cette mesure entraînerait une baisse alarmante du niveau de maîtrise disciplinaire, au détriment des élèves. Les concours, passés dès février-mars de l’année de licence 3, évalueraient un niveau bac + 2 effectif, et non bac + 3 comme fallacieusement avancé. Elle fragiliserait ainsi les professeurs. On ne peut, en effet, être un professeur efficace si on maîtrise mal les savoirs et les méthodes disciplinaires que l’on enseigne.
Le projet prévoit, il est
vrai, une formation de deux années de master au sein d’ « écoles normales
supérieures du professorat ». Le lauréat serait fonctionnaire-stagiaire
dès la première année de master. Il serait chargé d’un demi-service
d’enseignement dès la deuxième année, à l’issue de laquelle il serait
titularisé.
Il est hautement douteux que
l’indispensable approfondissement des connaissances disciplinaires puisse se
faire dans le cadre d’une telle accélération de l’entrée dans le métier. La
perspective d’une réduction drastique de la place du disciplinaire et de la
recherche dans la formation se confirme, au vu de l’importance donnée à une
connaissance des « réalités du terrain », avec un renforcement des
intervenants du second degré et une diminution du rôle des Universités. Ce
projet intitulé « Refondation de l’école » conduirait de toute
évidence à faire perdre à l’enseignement scolaire une grande partie de son ambition
intellectuelle, scientifique et culturelle et à enfermer les enseignants dans un
rôle d’exécutants dociles et de simples interfaces entre les élèves et des
« ressources pédagogiques » mises à disposition par le ministère.
Nous demandons l'abandon
définitif du projet de décret actuel, qui ne ferait que dévaloriser la fonction
enseignante, et non la rendre plus attractive.
Pour revaloriser la fonction
enseignante, il est essentiel d'élever le niveau des savoirs, d'améliorer le
taux d’encadrement, d'augmenter les moyens et les recrutements, d'assurer
l’égalité d’accès aux formations, de rattraper le décrochage des salaires et de
garantir des conditions d’enseignement dignes et sereines avec de réelles
perspectives de carrière.
Le recrutement doit se faire
à l’issue d’une Licence complète (bac + 3 acquis) lors d’une année de
préparation dédiée au concours au sein des Universités.
Les épreuves écrites et
orales des concours doivent porter sur des connaissances disciplinaires de haut
niveau.
Nous exigeons que tout projet
futur se fasse en concertation avec les acteurs représentatifs de
l’enseignement.
Nous insistons d’ores et déjà sur l'importance d'une revalorisation
salariale, d'un accompagnement des premières années de carrière, d'un
redressement de la formation continue (qui doit intégrer les contenus
disciplinaires et se dérouler sur le temps de travail) et de la restauration de
la sérénité dans les établissements.
Sans retrait et sans dialogue
du gouvernement avec l'ensemble des parties prenantes, la Conférence s'engage à
se réunir et à envisager toutes les voies possibles pour éviter l'application
de la réforme à la rentrée prochaine.
SIGNATAIRES :
APBG APDEN APLettres APPEP APSES APSMS UPBM UdPPC