Communiqué
de la Conférence des associations de professeurs spécialistes sur
la réforme du baccalauréat et du lycée
Signataires
ADEAF, APBG
APHG APMEP APLettres, APPEP, APSES, APEMU, APFLA, CNARELA, SAUVER LES
LETTRES, SLNL, UBPM, UDPPC
La
mise en place de la réforme au sein des lycées confirme et renforce
les craintes que les associations siégeant au sein de la Conférence
ont déjà exprimées dans leurs différents communiqués. Le
ministère est resté sourd et les méfaits de cette réforme du
lycée général et technologique, menée à marche forcée, avec des
consultations, mais sans entendre véritablement les arguments des
professeurs, et rejetée en octobre dernier par le Conseil Supérieur
de l’Éducation, sont d’ores et déjà patents.
Contrairement
au but affiché par le ministère, cette réforme n’offrira pas
davantage de liberté de choix aux élèves. Alors que les recteurs
devaient initialement fixer et dévoiler la carte des enseignements
de spécialité en janvier prochain, les établissements sont en ce
moment informés de leur « offre » : elle varie d’un lycée à
l’autre, selon la dotation de l’établissement et les «
ressources humaines » disponibles. Pour suivre la spécialité de
leur choix, des élèves seront contraints de se rendre dans un autre
lycée, parfois très éloigné de chez eux, ou de suivre un cours
par correspondance, quand ils ne renonceront pas purement et
simplement à leur vœu au vu des obstacles. La mutualisation des
enseignements par « bassins (ou réseaux) d’établissements »,
logique que nous dénonçons, cache mal le fait que l’égalité des
chances et des territoires pâtira gravement de la réforme. Preuve
en est l’ouverture de seulement cinq spécialités dans un certain
nombre de lycées, alors que la Direction générale de
l’enseignement scolaire (DGESCO) avait fixé à sept le nombre
plancher des spécialités proposées dans chaque établissement1 .
Cette offre au rabais est incompréhensible et inadmissible pour les
élèves à qui l’on distribue des plaquettes de présentation dans
lesquelles figurent douze spécialités. Les arrêtés de la réforme
promettent donc une offre qui n’est pas financée. La DGESCO
organise les coupes claires en imposant un régime sévère aux
académies, méprisant les choix des élèves et le travail des
professeurs. 1
Cette
réforme transforme le lycée en un marché où les professeurs
seront obligés de « vendre » leur discipline auprès des élèves.
L’ouverture des enseignements de spécialité dépendant de la «
demande », les professeurs sont d’ores et déjà invités par leur
chef d’établissement à faire la promotion de leur discipline
auprès des élèves de seconde et devront, à partir de l’année
prochaine, convaincre les élèves de Première de la conserver en
Terminale. Cette mise en concurrence des disciplines ne peut qu’être
préjudiciable à la relation pédagogique ainsi qu’aux relations
entre les professeurs. Elle compromettra la justesse de l’évaluation.
La
mise en place de spécialités partagées, telle qu’elle est
actuellement envisagée, crée des enseignements hybrides qui
effacent l’identité des disciplines, hormis les langues vivantes.
Il est impossible de renvoyer les discussions au niveau local alors
qu’un nécessaire cadrage national sur la répartition des heures
et des contenus s’impose dans le cas des enseignements
pluridisciplinaires.
Cette
réforme, dont le Ministre Jean-Michel Blanquer n’a pas caché
qu’elle permettra de supprimer 2600 postes, affectera les
conditions de travail des professeurs. Nous craignons qu’elle ne
morcelle les services et les emplois du temps, n’augmente le nombre
d’élèves par classe et le nombre de classes par professeur, ne
renforce les inégalités sociales liées à une « liberté de choix
» qui profitera avant tout aux élèves les mieux informés. La
charge de travail des professeurs sera considérablement alourdie, et
le temps consacré aux élèves considérablement diminué.
À
l’inverse de la volonté présidentielle d’une « simplification
du baccalauréat », l’introduction du contrôle continu
désorganisera les lycées, qui devront mettre en place trois
sessions d’épreuves ponctuelles durant le cycle terminal. La
notation des professeurs sera soumise aux pressions locales (parents,
élèves, hiérarchie).
Contrairement
à ce que dit le ministère, la Conférence estime qu’il sera
techniquement impossible d’intégrer à Parcoursup les notes des
épreuves de spécialité, passées à la rentrée des vacances de
printemps.
La
Conférence, enfin, alerte le ministère sur le risque d’un
absentéisme massif et généralisé des élèves de terminale au
troisième trimestre. Après les épreuves communes du deuxième
trimestre, les 12 heures hebdomadaires de cours compteront pour une part
insignifiante (1,2 %) de l’examen ; et après les épreuves de
spécialité passées au retour des vacances de Pâques, il ne
restera aux élèves d’utiles pour le baccalauréat que 4 h
hebdomadaires de philosophie et quelques cours de préparation au
grand oral.
En
outre, la réforme du LP supprimera des heures de cours dont les
lycéens les plus fragiles ont pourtant besoin.
Pour
toutes ces raisons, la Conférence demande à être reçue au plus
vite par le Ministre, afin que ces réformes du lycée, du
baccalauréat, du lycée professionnel puissent être remises à
plat, véritablement discutées et que nos avis soient réellement
pris en considération.
Le
19 décembre 2018
Associations
signataires : ADEAF, APBG, APHG, APMEP, APLettres, APPEP, APSES, APEMU,
APFLA-CPL, CNARELA, SLL, UBPM, UDPPC
Qui a imposé l'omerta sur les contraintes d'emploi ? 3 choix parmi 8 fait 56 possibilités. Toutes personnes qui a essayé de mettre un élève qui a deux langues rares de manière compatible avec les emplois du temps connaissent le problème. En réalité, les choix avec peu d'élèves seront refusés car les contraintes d'emploi du temps les rendent impossibles à organiser.
RépondreSupprimer3 choix parmi 7 35 possibilités !
RépondreSupprimerLes « triplettes » en Première et les « doublettes » en Tle seront ils exposés clairement ? Les Eleves auront ils le choix de leur Etablissement ou devront-ils subir la carte scolaire ?
L'obtention du bac devrait être un diplôme de fin de cycle
RépondreSupprimercomme il y a cent ans le brevet c'était pas mal
pour la poursuite des études : examens d'entrée avec dossier payant dans la fac ou école que choisit l'étudiant; avec au départ l'info du nombre de places disponibles comme ils font en médecine ...les 200 premiers