mardi 17 octobre 2023

COMMUNIQUE SUR LE BACCALAUREAT 2024

 


Bac 2024 : la douche froide

 

Avec le rétablissement des écrits de spécialité en juin, demandé par l’ensemble de la communauté éducative, le Ministère semblait enfin avoir pris en compte la réalité du terrain et les importantes difficultés d’application de la réforme du lycée en vigueur depuis 2018. Dès lors, les annonces bien tardives du 28 septembre sonnent comme une douche froide : le ministère persiste à décider seul, sourd aux alertes des acteurs de terrain, et détériore encore la situation pour les élèves de Terminale et leurs enseignants.

 

Maintien de l’iniquité : une même épreuve, mais sur deux jours avec des sujets différents

Première aberration, l’organisation des épreuves de spécialité sur deux jours est maintenue par le ministre. Pour rappel, en mars dernier, les élèves d’une même classe et d’un même lycée ont dû composer sur des sujets différents, avec des niveaux de difficulté inégaux. Le décalage du calendrier du baccalauréat rendait pourtant possible un étalement des épreuves, avec un seul sujet par spécialité. Le Ministère choisit à l’inverse de conserver ce principe : une occasion manquée de revenir à un sujet unique et national pour tous les candidats.

 

Des programmes toujours menés au pas de charge 

Le Ministère a également décidé, seul et malgré les alertes lancées dans de nombreuses disciplines, d’imposer pour l’examen le traitement en totalité des programmes, alors même que ceux-ci apparaissent démesurés et demandent à être remis à plat dans plusieurs spécialités. Cette course au programme portera préjudice à la préparation et la formation intellectuelle des élèves, sans compter qu’elle sera épuisante pour eux comme pour leurs professeurs.

 

Les élèves abandonnés pour le « grand oral »

Quant au « grand oral », les élèves verront le temps de présentation de la première partie de l’épreuve passer de 5 à 10 minutes. Rappelons ici que cette épreuve orale, à fort coefficient, ne fait l’objet d’aucun temps dévolu à l’encadrement des élèves, aucun financement n’étant prévu à cet effet par le ministère. Sa préparation est donc supposée se faire sur le temps de cours de spécialité, en classe entière. Compte tenu de la lourdeur des programmes de spécialité et des exigences de la préparation aux épreuves écrites, peut-on réellement imaginer que les professeurs pourront encore former leurs élèves au grand oral et les accompagner pour choisir leur sujet, effectuer les recherches documentaires, élaborer le contenu, et s’entraîner à cet exercice d’argumentation orale ?

 

Un calendrier de fin d’année démentiel : quid de la prévention des risques professionnels ?

Dans le calendrier prévu, à partir du 14 juin, tout s’enchaîne : épreuve anticipée de français, épreuve de philosophie, épreuves de spécialités, oraux de français et, simultanément, le grand oral, pour des résultats définitifs le 11 juillet, après le passage des épreuves du second groupe. Les correcteurs de spécialité, de l’épreuve de philosophie et de l’épreuve anticipée de français devront, tout en corrigeant des lots de copies conséquents, interroger les candidats convoqués au « grand oral » et à l’épreuve orale de français. Les professeurs ne pourront le faire qu’en sacrifiant la qualité de leur travail et leur santé, alors que ces dernières années, les instances de « santé et sécurité au travail » avaient déjà alerté sur la charge de travail des professeurs de Lettres.

 

La Conférence s’étonne de l’ensemble de ces décisions, parce qu’elles vont à l’encontre de l’expertise des acteurs du lycée et des demandes portées depuis 5 ans. Pire, elles s’apprêtent à dégrader significativement les conditions d'apprentissage et de travail, au mépris des risques pour la santé des élèves et des professeurs. De tels « ajustements » risquent de dégrader les conditions de correction au point de rendre impossible, à terme, la tenue des dernières épreuves terminales, nationales et anonymes.

En conséquence, la Conférence demande :

-       Que chaque spécialité donne lieu à une unique épreuve passée par tous les candidats le même jour ;

-       Que les programmes de spécialité soient évalués de toute urgence ;

-       Que le grand oral soit redéfini dans le sens d’une épreuve adossée à d’authentiques contenus disciplinaires et d’une manière qui permettrait de repenser l’équilibre du cycle terminal.

-       Que les épreuves terminales soient davantage étalées en sorte que les professeurs bénéficient de conditions de correction décentes.

 

Associations signataires

 APBG   APEMu   APLettres   APLV APMEP  APPEP    APSES   APSMS    

CNARELA   UdPPC UPBM


dimanche 15 octobre 2023

COMMUNIQUE SUR LA FORMATION CONTINUE DES PROFESSEURS

 

La formation continue des enseignants en danger : il est urgent que le ministère revienne à la raison !

 

Dans les rectorats, le même refrain est entonné ad libitum : les formations ne pourront plus se dérouler que le soir après les cours, le mercredi après-midi ou pendant les vacances scolaires. Une mesure qui relève de l’affichage politique et qui va conduire à une restriction inédite et massive de la formation continue pour les enseignants.

 

Le dernier clou dans le cercueil de la formation continue des enseignants

Dans le contexte d’une charge de travail déjà lourde (40 heures par semaine en moyenne selon le Ministère)[1] et de missions toujours plus nombreuses, déplacer les temps de formation le soir après les cours, le mercredi après-midi ou pendant les vacances scolaires revient à obliger les enseignants à choisir entre la préparation de leurs cours, les tâches de correction et le suivi des élèves, leur vie familiale et la formation continue. Cette évolution induira un allongement considérable des journées et des semaines de travail, qui sera préjudiciable à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et affectera particulièrement les femmes, en ce, à l’encontre de la cinquième recommandation de l’Unesco[2].

Pourtant, le récent rapport du Sénat[3].  sur la formation continue des enseignants, publié en juillet dernier,  établissait un bilan peu glorieux de la formation continue. On y apprend que les enseignants sont les fonctionnaires qui bénéficient du moins grand nombre de journées de formations et que les crédits alloués à la formation ont baissé de 30% entre 2017 et 2022. De nombreux enseignants sont ainsi contraints de renoncer à leur souhait de se former, d’autant plus qu’une partie de plus en plus importante des formations proposées relèvent de l’information institutionnelle plutôt que d’une réponse à des besoins de formation exprimés par les personnels.

Une fragilisation des personnels et de l’école

Faut-il rappeler ici l’importance de la formation continue pour les enseignants comme pour l’institution scolaire ? Réduire l’accès à cette formation entre en complète contradiction avec les ambitions de l’École et les défis auxquels elle fait face aujourd’hui.

Réduire l’accès à la formation continue, c’est réduire la qualité des enseignements, qui repose sur la capacité des enseignants à actualiser leurs connaissances et à avoir accès à des espaces de partage et de réflexion professionnels.

Réduire l’accès à la formation continue, c’est aussi déconsidérer la profession enseignante, dans un contexte où la crise de recrutement se prolonge et s’amplifie. C’est considérer que la formation des enseignants n’est pas, à la différence de tous les autres salariés, une nécessité qui doit faire partie du temps de travail.

Réduire l’accès à la formation continue, c’est réduire les perspectives d’évolution de carrière des enseignants et c’est oublier que les enseignants sont en première ligne pour former intellectuellement et professionnellement les générations de jeunes citoyens et que cela nécessite d’être formé tout au long de notre carrière.

L’Éducation nationale serait ainsi la seule administration française à proposer à ses agents une formation continue en dehors du temps de travail.

Il est urgent que le ministère revienne à la raison et garantisse à l’ensemble des personnels une politique de formation continue ambitieuse, disciplinaire et de qualité, dont les élèves ne pourront que profiter. L’Ecole est un lieu d’éducation et de transmission des savoirs : les élèves ont besoin de personnels qualifiés et formés, pas seulement d’un adulte en classe.

Associations signataires : 

APBG  APLettres APLV  APEMu  APMEP  APPEP APSES APSMS CNARELA 

UdPPC  UPBM  Les Ailes du désir (cinéma audiovisuel)

 

 



[2] Recommandations de l’UNESCO du 5 octobre 2023 https://news.un.org/fr/story/2023/10/1139357

 

[3] Rapport d'information n° 869 (2022-2023), déposé le 11 juillet 2023du Sénat https://www.senat.fr/rap/r22-869/r22-869.html